Dessiner dans une exposition

Cet article de blogue a été rédigé par Laurence Ramos, artiste-collaboratrice chez Florence Art et Dessin! 

T’es-tu déjà demandée ce que tu pourrais faire dans une exposition qui t’apporterait une richesse supplémentaire à intégrer dans ta pratique d’artiste ?

Te sens-tu intimidée ou impressionnée par la beauté des toiles des grands maîtres?

Un bon moyen de te mettre au défi est d'amener ton carnet de croquis. 

Aujourd’hui, je t’explique comment je dessine dans l’exposition « Botticelli, artiste et designer » du musée Jacquemart-André, Paris, France (10/09/21-24/02/22). 

Suis-moi au cœur de cette expérience, et dis-toi que l’artiste renommé est passé comme toi par des heures de travail, des hésitations et des ratés avant d’en arriver aux chefs-d’œuvre.

Découvrir l’artiste

Je visite l’exposition sans suivre l’ordre indiqué ni lire les présentations écrites. J’aime avoir une vue d’ensemble et éviter les commentaires des autres visiteurs. 

Je choisis des toiles que je peux observer tranquillement et je reviens ensuite sur celles où il y avait trop de monde. Je me promène selon mes ressentis vers les œuvres qui me touchent émotionnellement, esthétiquement ou techniquement. 

J’essaie de saisir qui est l’artiste, quelle est son époque, le mouvement artistique et sa « marque de fabrique ». Je m’imprègne de sa démarche artistique, de sa sensibilité, de son univers.

Sandro Botticelli (1445-1510) est un peintre de la Renaissance italienne, artiste et designer, ayant commencé chez un orfèvre et devenu le peintre de la beauté.

Botticelli, vers 1484, détail de La Naissance de Vénus, tempera sur toile 172,5 x 278,5 cm, Galerie des Offices, Florence

Botticelli, vers 1484, détail de La Naissance de Vénus, tempera sur toile 172,5 x 278,5 cm, Galerie des Offices, Florence

Je m’intéresse aussi aux esquisses préparatoires et au matériel de l’artiste ; ils ne sont pas si différents des miens, même à plusieurs siècles d’intervalle.

Quel matériel, quelle installation ?

Je te recommande un matériel simple, léger et facilement transportable.

J’utilise un carnet de croquis A5 (Canson 90g à spirales) avec un dos cartonné rigide qui te servira de support, un pousse-mine 0,5 mm en HB et un stylo-efface

Te voilà prête pour dessiner ! 

Laurence Ramos (2021), crayon graphite sur carnet A5, d’après Botticelli, Vierge à l’enfant avec le jeune Jean-Baptiste (1505), tempera sur toile 133 x 92 cm, Galerie Palatine, Florence

Laurence Ramos (2021), crayon graphite sur carnet A5, d’après Botticelli, Vierge à l’enfant avec le jeune Jean-Baptiste (1505), tempera sur toile 133 x 92 cm, Galerie Palatine, Florence

Tu peux emmener des couleurs (feutres, crayons de couleur) pour étudier les harmonies des couleurs ou la subtilité des transitions (peau, ombres …).

Je dessine debout assez près de l’œuvre choisie avec des allers-retours pour prendre du recul. Il y a souvent des bancs dans les expositions, n’hésite pas à les utiliser. 

En général, d’autres personnes dessinent comme toi (étudiants, artistes). Dans cette exposition, j’ai croisé un dessinateur faisant des croquis de la même toile. En montrant nos dessins, on a pu voir que chacun avait son style bien particulier. Pour la petite anecdote, c’était un gardien du musée.

Choisis plutôt les heures moins fréquentées, en nocturne par exemple c’est une très belle expérience.

Dessiner

C’est maintenant le temps d’oser. Il ne faut pas t’en faire ni mettre la barre trop haute. Juste plonger dans un tableau, sans autre attente que celle du plaisir et de l’étude. T’en inspirer mais pas en faire une copie conforme. 

Au début, tu peux te concentrer sur un détail, cela t’aidera à avoir confiance. Tu comprendras comment l’artiste dessine des éléments simples comme une rose, un drapé, toutes sortes de sujets que tu as déjà peut-être expérimenté toi-même.

Botticelli, vers 1482, détail de Le Printemps, tempera sur panneau de bois 203 x 314 cm, Galerie des Offices, Florence

Botticelli, vers 1482, détail de Le Printemps, tempera sur panneau de bois 203 x 314 cm, Galerie des Offices, Florence

Peu importe si ton croquis n’est pas abouti ou pas ressemblant. Être au contact direct de l’œuvre permet de mieux saisir les étapes du dessin et de ressentir une forte connexion. On peut voir les touches de peinture, imaginer le pinceau, le geste, percevoir les retouches et les éléments rajoutés après coup.

Botticelli peint souvent un cou trop long, et vient rajouter un visage dessus. Ce n’est pas exact anatomiquement, mais cela constitue son style à part entière. À l'opposé, ses chevelures, drapés et effets de transparence sont très réalistes.

Quand tu auras plus d’assurance, tu pourras faire un croquis de l’œuvre entière.

Quel intérêt ?

J’essaie de saisir la beauté du trait, les choix de composition, couleurs, sujets (mythologiques, sociétaux, religieux…). J’entre dans une époque avec les costumes, accessoires, coiffures, architectures, scènes de rue. J’explore l’éventail des expressions du visage, des postures, de la symbolique.

Je me sers des techniques de base pour comprendre comment un grand maître représente une bouche, un œil, des cheveux, un portrait de trois-quarts, un décor, une perspective.

Laurence Ramos (2021), crayon graphite sur carnet A5, d’après Botticelli Portrait de Michele Marullo Tarcaniota (vers 1494-1497), tempera sur toile 48,9 x 35 cm, collection Guardans Cambo, Barcelone

Laurence Ramos (2021), crayon graphite sur carnet A5, d’après Botticelli Portrait de Michele Marullo Tarcaniota (vers 1494-1497), tempera sur toile 48,9 x 35 cm, collection Guardans Cambo, Barcelone

Je deviens plus confiante et j’utilise mes croquis en les transposant ensuite dans une forme personnelle ou contemporaine. 

C’est un peu comme suivre un tutoriel intertemporel avec une approche bien différente de celle de la photographie de référence.

Alors, n’hésite plus et prends tes crayons ! 

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